Mein Kampf

Cité dans Natwest-Barclays-Midlands-Lloyds :
“Prosperity – Mein Kampf for beginners”

Mein Kampf (Mon Combat, en français) est un ouvrage rédigé par Adolf Hitler entre 1924 et 1925 pendant sa détention à la prison de Landsberg, détention consécutive au putsch de la Brasserie, coup d’État manqué. Il contient des éléments autobiographiques, l’idéologie politique du nazisme, l’histoire des débuts du NSDAP et diverses réflexions sur la propagande ou l’art oratoire.

Lors de son emprisonnement, il dicte son texte à plusieurs de ses camarades emprisonnés, dont Rudolf Hess et Emil Maurice. Originellement intituléViereinhalb Jahre [des Kampfes] gegen Lüge, Dummheit und Feigheit (Quatre ans et demi [de lutte] contre les mensonges, la stupidité et la couardise), l’ouvrage prend son titre définitif Mein Kampf. Eine Abrechnung (Mon Combat. Un bilan) sur une idée de l’éditeur Max Amann. Les premiers lecteurs ont été les fidèles de Hitler, et le succès du livre auprès des siens encourage Adolf Hitler à rédiger un second tome.

Le texte originel a été remanié à plusieurs reprises par l’entourage d’Hitler pour lui donner une forme plus cohérente et plus lisible.

Le premier volume est publié le 18 juillet 1925 ; le second le 11 décembre 1926 se termine avec une dédicace à son “professeur” Dietrich Eckart. À sa parution, le livre (qui coûtait le prix élevé, à l’époque, de douze reichsmarks) connait un succès modeste et, jusqu’en 1929, 23 000 exemplaires du premier volume et seulement 13 000 du second ont été vendus. Après 1930, le tirage augmente fortement : jusqu’en 1935, il s’en vendra 1,5 million d’exemplaires. À partir de 1936, il est devenu le cadeau de mariage de l’État aux couples allemands. Ian Kershaw estime le tirage à environ 10 millions d’exemplaires en allemand jusqu’en 1945, ce qui représente près d’un foyer allemand sur deux.

Les revenus littéraires d’Hitler lui ont permis ainsi de renoncer à son traitement de chancelier en 1933, ce qui servira bien sûr à légitimer davantage le pouvoir.

Le livre a été traduit en seize langues étrangères, dont une dizaine par l’éditeur officiel. Pour des raisons politiques, les versions traduites seront souvent expurgées, modifiées ou inexactes. Par conséquent, on retrouve de nombreuses divergences idéologiques et sémantiques, parfois même jusqu’à rendre certaines versions tout à fait incohérentes et illisibles.

À partir de 1933, le livre devient une référence politique et est édité en plusieurs formats. On en fera notamment une version de luxe destinée aux dignitaires nazis. Une version en braille a également été publiée.

En 2008, les ventes totales de Mein Kampf depuis sa parution sont estimées à 80 000 000 d’exemplaires. Selon cette estimation, et d’après les estimations de Ian Kershaw plus haut mentionnées, 70 000 000 d’exemplaires auraient été autorisés après la chute du Troisième Reich.

C’est tout à la fois un document autobiographique, le récit de la naissance et du premier développement du parti nazi, et un essai et manifeste politique qui énonce les bases idéologiques du programme politique de son auteur. Mein Kampf exprime plusieurs ambitions difficilement dissociables : le désir d’assimilation culturelle des Juifs (l’extermination physique n’étant à l’époque pas invoquée) et des Tziganes au nom d’une théorie raciale, d’une militarisation expansionniste et d’un renouveau national allemand.

Il annonce sans ambiguïté le programme du parti nazi, fondé notamment sur la volonté de réunification des territoires à population germanique (le pangermanisme) ainsi que la nécessité de s’assurer, en Europe de l’Est, un espace vital allemand. Il comporte des menaces précises, qui ont fait écrire au maréchal Hubert Lyautey : “Tout Français doit lire ce livre”. De même, Pie XII déclarait en 1929 : “Ou bien je me trompe vraiment beaucoup, ou bien tout cela se terminera pas bien. Cet être-là est entièrement possédé de lui-même : tout ce qu’il dit et écrit porte l’empreinte de son égoïsme ; c’est un homme à enjamber des cadavres et à fouler aux pieds tout ce qui est en travers de son chemin – je n’arrive pas à comprendre que tant de gens en Allemagne, même parmi les meilleurs, ne voient pas cela, ou du moins ne tirent aucune leçon de ce qu’il écrit et dit. – Qui parmi tous ces gens, a seulement lu ce livre à faire dresser les cheveux sur la tête qu’est Mein Kampf ?”

En 1934, les Nouvelles Éditions latines – toutes nouvelles de fait, puisqu’elles ont été fondées en 1928 par Fernand Sorlot (proche de la droite maurassienne anti-hitlérienne) – publient Mein Kampf en français. L’ouvrage est ramené à un seul volume de 688 pages sous-titré Mon Combat.

L’ouvrage est traduit et publié en français contre la volonté de Hitler. Aussi, l’éditeur souligne à plusieurs reprises l’actualité de livre et l’intérêt vital pour les Français de connaître ce “qui doit devenir désormais la Bible du peuple allemand”. En exergue figure donc une phrase du maréchal Hubert Lyautey : “Tout Français doit lire ce livre”.

Dans l’“Avertissement des éditeurs”, Sorlot relève les menaces très lourdes à l’endroit de la France et souligne que “[ce] livre qui, répandu en Allemagne à plus d’un million d’exemplaires, a eu sur l’orientation soudaine de tout un peuple une influence telle, qu’il faut, pour en trouver l’analogue, remonter au Coran”. Hitler ayant “obstinément refusé de laisser publier en français [… nous] avons pensé qu’il était de l’intérêt national de passer outre à ce refus, quelles que puissent être pour nous-mêmes et pour la jeune maison que nous avons fondée les conséquences de notre initiative”.

Indiquant qu’Hitler considère la France comme le principal obstacle à ses visées, il le cite “Ces résultats ne seront atteints ni par des prières au Seigneur, ni par des discours, ni par des négociations à Genève. Ils doivent l’être par une guerre sanglante”. Il objecte encore “Les paroles et les écrits publics d’un homme public appartiennent au public” et conclut : “M. Frick […] disait Pour les nationaux-socialistes, le droit c’est ce qui sert le peuple allemand. L’injustice, c’est ce qui lui porte dommage. Nous avons simplement pris à notre compte cette vigoureuse définition”.

En 1936, lors de son procès contre Hitler, Sorlot (âgé de 29 ans à l’époque) sera soutenu par la LICA, qui achètera 5 000 exemplaires pour les distribuer au gouvernement et aux députés.

La traduction – issue de l’édition allemande de 1933 parue chez Franz Eher, à Munich – se donne pour intégrale et neutre, avec quelques notes éparses, mais sans commentaire.

Le Land de Bavière (qui a hérité de tous les biens d’Hitler) détient les droits d’auteur internationaux du texte et les utilise pour empêcher la publication ou la diffusion d’éditions complètes et non-commentées (Adolf Hitler étant mort en 1945, son ouvrage tombera dans le domaine public en 2015). Le Land de Bavière exerce ses droits d’auteurs, donnant avec condition (éditions partielles, ajouts de commentaires critiques) ou refusant le droit aux éditeurs de republier Mein Kampf.

La réédition du livre est ainsi interdite, seule est donc autorisée la vente des livres publiés avant 1945.

Cette situation est à l’origine de débats qui opposent la liberté d’expression à la lutte contre le racisme, ou dans lesquels on présente la diffusion de l’ouvrage comme un moyen de lutter contre le nazisme : diffuser le texte permettrait de mieux faire connaître le contenu de l’idéologie nazie, et donc de mieux lutter contre elle, voire de se prémunir contre les techniques déployées pour instaurer un régime totalitaire.

En France, la Cour d’appel de Paris a décidé, dans un arrêt du 11 juillet 1979, d’autoriser la vente du livre, compte-tenu de son intérêt historique et documentaire, mais assortissant cette autorisation de l’insertion en tête d’ouvrage, juste après la couverture et avant les pages de garde, d’un texte de huit pages mettant en garde le lecteur, notamment en rappelant par quels aspects l’ouvrage “tombe sous le coup” de la loi du 29 juillet 1881 modifiée par la loi du 3 juillet 1972 et notamment de ce qui était à l’époque son article 23, l’alinéa 5 de l’article 24, l’alinéa 2 de l’article 32 et l’alinéa 3 de l’article 33 et en faisant suivre ce rappel des dispositions légales par un survol historique des méfaits du Troisième Reich.

Aux Pays-Bas, la possession de Mijn Kamp (Mein Kampf en néerlandais) est autorisée mais pas sa vente, interdite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et pénalement punissable depuis 1987.

Dans la plupart des pays, la vente du livre n’est pas interdite légalement.

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