Et vive l’Aspidistra !

EtVivelAspidistra.jpgEt vive l’Aspidistra ! (Keep The Aspidistra Flying), publié d’abord en 1936, est un roman socialement critique de George Orwell. Il se déroule dans le Londres des années 1930. Le thème principal est l’ambition romantique de Gordon Comstock de défier l’adoration du dieu-argent et du statut, et la triste vie qui en résulte.


Contexte

Orwell a écrit ce livre en 1934 et 1935 quand il vivait dans divers endroits près de Hampstead à Londres, et a tiré de ses expérience durant ces années et les années précédentes. Au début de l’année 1928, il a vécu dans une pension sur Portobello Road de là il a commencé ses expéditions en tant que sans logis, dormant dans la rue et traînant dans les quartiers les plus pauvres de Londres. À cette époque, il a écrit un morceau de pièce de théâtre dans laquelle le protagoniste Stone a besoin d’argent pour l’opération qui pourrait sauver la vie de son enfant. Stone préférerait prostituer sa femme que prostituer son intégrité artistique en écrivant de la publicité.

Les premières publications d’Orwell sont apparues dans The Adelphi, journal littéraire de gauche édité par Sir Richard Rees, baronnet riche et idéaliste qui a fait de Orwell l’un de ses protégés. Le personnage de Ravelston, l’éditeur riche dans Et vive l’Aspidistra !, a beaucoup de choses en commun avec Rees. Ravelston est parfaitement complexé par son statut de classé élevée et défensif de sa rente. Comstock spécule que Ravelston reçoit près de 2000 Livres sterling par an net – somme très confortable à l’époque – et Rees, dans un volume d’autobiographie publié en 1963 a écrit : “… Je n’avais jamais mois de 1000 Livres de dépenses par an de rente, et parfois bien plus… Avant la guerre, c’était une richesse, surtout pour un homme célibataire. Une grande partie de mes amis socialistes et intellectuels étaient des pauvres à côté…” En citant cela, le biographe d’Orwell, Michael Shelden, a commenté, “L’un de ces pauvres – du moins en 1935 – était Orwell, qui pouvait s’estimer heureux s’il gagnait 200 £ cette année là… Il appréciait le soutien éditorial de Rees à l’Adelphi et aimait sincèrement l’avoir comme ami, mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir du ressentiment envers un homme qui n’avait pas de véritable travail mais qui avait un revenu quatre ou cinq fois plus grand que lui”.

En 1932, Orwell a accepté un poste d’enseignant dans une petite école dans l’Ouest londonien. De là, il partait en voyage à la campagne dans des endroits comme Burnham Beeches. Il y a des allusions à Burnham Beeches et à des promenades à la campagne dans la correspondance d’Orwell à cette époque avec Brenda Salkeld et Eleanor Jacques.

En octobre 1934, après neuf mois chez lui à Southwold, la tante d’Orwell, Nellie Limouzin, lui a trouvé un travail comme assistant à mi-temps à Booklovers’ Corner, librairie de deuxième main à Hampstead tenue par Francis et Myfanwy Westrope. Les Westrope, qui étaient amis avec Nellie dans le mouvement Esperanto, avaient une perspective facile à vivre et lui ont fourni un hébergement confortable à Warwick Mansions, sur Pond Street. Il partageait son poste avec Jon Kimche qui vivait aussi avec les Westrope. Orwell travaillait l’après-midi, avec les matins libres pour écrire et les soirs pour rencontrer des gens. Il est resté à Booklovers’ Corner quinze mois. Son essai “Bookshop Memories”, publié en novembre 1936, rappelait des aspects de son époque passée à la librairie, et dans Et vive l’Aspidistra !, “il l’a décrit, ou s’en est vengé, avec acerbité, esprit et spleen”. Dans leur étude d’Orwell, les écrivains Stansky & Abrahams ont remarqué l’amélioration à partir des “tentatives trébuchantes au portrait de femme dans ses deux premiers romans : Elizabeth Lackensteen, pleine de clichés, dans une Histoire birmane et la malchanceuse Dorothy dans une Fille de pasteur et ont affirmé que, en revanche, “Rosemary est un portrait de femme crédible”. Via son travail à la libraire, Orwell était en position pour faire connaissance avec des femmes, “d’abord en tant qu’employé, puis en ami… et avec qui, si les circonstances étaient favorables, il pouvait éventuellement s’embarquer dans une relation… Ceci, pour Orwell l’auteur et Blair l’homme, était la récompense principale de travailler à Booklovers’ Corner”. En particulier, Orwell a rencontré Sally Jerome, à l’époque travaillant pour une agence publicitaire (comme Rosemary dans Et vive l’Aspidistra !), et Kay Ekevall, qui tenait un petit service de dactylographie et de secrétariat qui travaillait pour le magazine Adelphi.

À la fin du mois de février 1935, il avait emménagé dans un appartement de Parliament Hill, sa propriétaire, Rosalind Obermeyer, étudiait à l’University of London. Cela a été grâce à une fête commune avec sa propriétaire là-bas que Orwell a rencontré sa future épouse Eileen O’Shaughnessy. En août, Orwell s’est installé dans un appartement à Kentish Town, qu’il partageait avec Michael Sayers et Rayner Heppenstall. Durant cette période, il travaillait sur Et vive l’Aspidistra ! et a publié deux romans, une Histoire birmane et une Fille de pasteur. Au début de l’année 1936, Orwell s’occupait de problèmes de pré-publication pour Et vive l’Aspidistra ! tout en tournant dans le Nord de l’Angleterre pour faire des recherches pour le Quai de Wigan. Le roman a été publié par Victor Gollancz Ltd le 20 avril 1936.


Titre

L’aspidistra est une plante robuste qui vit longtemps qui est utilisée comme plante d’intérieur en Angleterre, et qui peut atteindre des tailles impressionnantes, voire encombrantes. Elle était particulièrement populaire durant l’ère victorienne, en grande partie parce qu’elle pouvait tolérer non seulement le manque de lumière mais également la pauvre qualité de l’air intérieur qui résultait de l’utilisation des lampes à huile et, plus tard, des lampes au gaz de houille. Elles n’ont plus eu la cote arrivé au XXème siècle, après l’arrivée de l’éclairage électrique. Leur utilisation a été si répandue au sein de la classe moyenne qu’elles étaient devenues une blague de music hall apparaissant dans des chansons telles que Biggest Aspidistra in the World, dont Gracie Fields a fait un enregistrement.

Dans le titre original en anglais (Keep the Aspidistra Flying), Orwell utilise l’aspidistra, symbole de l’esprit étroit de la société de la classe moyenne, en conjonction avec la locution “to keep the flag / colours flying” (“lever haut son drapeau”). Le titre peut ainsi être interprété comme une exhortation sarcastique dans le sens “Et vive la classe moyenne !” (d’où le titre en français).


Résumé

Gordon Comstock a “déclaré la guerre” à ce qu’il voit comme “une dépendance globale” à l’argent en quittant un emploi prometteur en tant que rédacteur publicitaire pour une société de publicité nommée “New Albion” – auquel il montre un grande dextérité – et prenant un boulot mal payé à la place, ostensiblement pour pouvoir écrire de la poésie. Venant d’un environnement familial respectable dans lequel il a hérité une richesse qui est aujourd’hui dissolue, Gordon n’apprécie pas de devoir travailler pour vivre. La “guerre” (et la poésie), cependant, ne se passe pas particulièrement bien et, sous le stress de son “exil volontaire” de la richesse, Gordon est devenu absurde, mesquin et profondément névrosé.

Comstock vit sans luxe dans un studio de Londres, qu’il peut se permettre en travaillant dans une petite libraire qui appartient à un Écossais, McKechnie. Il travaille de manière intermittente à un magnum opus qu’il projette d’appeler London Pleasures, décrivant une journée à Londres ; pendant ce temps, sa seule œuvre publiée, mince volume de poésie intitulé Mice, amasse de la poussière sur l’étagère des invendus. Il est à la fois satisfait de sa maigre existence et la méprise. Il vit sans ambition financière et le besoin d’un “bon travail”, mais ses conditions de vie sont peu confortables et son travail ennuyeux.

Comstock est “obsédé” par ce qu’il voit comme une interprétation de l’argent (le “dieu-argent”, comme il l’appelle) derrière les relations sociales, étant certain que les femmes le trouveraient plus attirant s’il était plus riche. Au début du roman, il sent que sa petite-amie Rosemary Waterlow, qu’il a rencontrée à New Albion et qui continue à y travailler, est insatisfaite de lui à cause de sa pauvreté. Un exemple de son embarras financier est quand il a désespérément envie d’une pinte de bière dans son pub local, mais est à court d’argent de poche et qu’il a honte de demander à son co-locataire, Flaxman, de la lui payer.

L’un des derniers amis qui restent à Comstock, Philip Ravelston, marxiste qui publie un magazine intitulé Anti-Christ, est d’accord avec Comstock sur le principe, mais il est confortablement aisé lui-même et cela cause des tensions quand le malheur pratique de la vie de Comstock devient apparent. Il s’efforce, cependant, à publier une partie de l’œuvre de Comstock et ses efforts, à l’insu de Comstock, ont résulté dans la publication de Mice via l’un de ses contacts de la publication.

Gordon et Rosemary passent peu de temps ensemble – elle travaille tard et vit dans une auberge, et sa “garce de propriétaire” interdit des visites de femmes à ses locataires. Puis un soir, s’étant dirigé vers le Sud et pensé aux femmes – ce business des femmes en général, et Rosemary en particulier – il voit par hasard Rosemary dans un marché de rue. Rosemary ne veut pas coucher avec lui mais elle veut passer un dimanche avec lui, à la campagne, près de Burnham Beeches. À leur séparation, tandis qu’il prend le tramway de Tottenham Court Road à son studio, il est homme et pense qu’en quelque sorte il a été conclu entre eux que Rosemary allait être sa maîtresse. Cependant, ce qui devait être une belle journée en dehors de la crasse de Londres a tourné au désastre quand, affamés, ils ont décidé de passer leur chemin devant un pub “à l’allure plutôt douteuse”, et puis, ne trouvant aucun autre pub, ils sont forcés à manger un déjeuner peu appétissant dans un hôtel chic et hors de prix. Gordon doit payer l’addition avec tout l’argent qu’il a mis de côté pour leur sortie et s’inquiète de devoir emprunter de l’argent à Rosemary. À l’extérieur à nouveau, ils vont coucher ensemble pour la première fois quand elle le repousse violemment – il n’allait pas utiliser de contraception. Il peste contre elle ; “L’argent à nouveau, tu vois ! … Tu dis que tu ne peux pas avoir de bébé… Tu veux dire que tu n’oses pas ; parce que tu perdrais ton boulot, tu n’aurais pas d’argent et on mourrait tous de faim”.

Ayant envoyé un poème à une publication américaine, Gordon reçoit soudainement d’eux un chèque de 10 Livres sterling – somme considérable pour lui à l’époque. Il a l’intention d’en garder la moitié pour sa sœur Julia, qui a toujours été là pour lui prêter de l’argent et lui donner son soutien. Il invite Rosemary et Ravelston à dîner, qui commence bien, mais la soirée de détériore peu à peu. Gordon, soûl, fait de lourdes avances à Rosemary mais elle le réprimande furieusement et part. Gordon continue à boire, entraîne Ravelston avec lui voir deux prostituées, et finit fauché et dans une cellule de police le lendemain. Il est rongé par la culpabilité en pensant ne pouvoir rendre l’argent qu’il doit à sa sœur, parce que son billet de 5 £ est parti, donné à l’une des prostituées, ou volé.

Ravelston paie l’amende de Gordon après une courte apparition devant le magistrat, mais un reporter entend parler de l’affaire et écrit à propos dans le journal local. La publicité qui s’ensuit a pour conséquence que Gordon perd son travail à la librairie, et, ainsi, son style de vie relativement “confortable”. Tandis que Gordon cherche un autre travail, sa vie se détériore, et sa poésie stagne. Après avoir vécu avec son ami Ravelston et, durant sa période de travail, avec sa petite-amie Hermione, Gordon finit par travailler, cette fois à Lambeth, dans une autre librairie et bibliothèque de prêt à deux penny dont le propriétaire est le sinistre Mr Cheeseman et où il est payé encore moins cher à 30 shillings la semaine. C’est 10 de moins qu’il en gagnait avant, mais Gordon est satisfait ; “Le travail fera l’affaire. Il n’y a pas de problème dans un travail comme ça ; pas de place pour l’ambition, pas d’effort, pas d’espoir”. Déterminé à tomber au fond de la société, Gordon emménage dans une chambre-salon meublée dans une ruelle dégoûtante de Lambeth Cut. Julia et Rosemary, “en ligue féminine contre lui”, cherchent toutes les deux à ce que Gordon retrouve son “bon” travail dans l’agence publicitaire New Albion.

Rosemary, ayant évité Gordon pendant un moment, lui rend tout à coup visite un jour dans son logement lugubre. Malgré sa terrible pauvreté et aspect miteux, ils couchent ensemble mais c’est sans émotion ni passion. Plus tard, Rosemary apparaît un jour de manière inattendue à la bibliothèque, n’ayant pas contacté Gordon depuis un moment, et lui dit qu’elle est enceinte. Deux choix se présentent à Gordon, laisser Rosemary à une vie de honte sociale des mains de sa famille – puisque tous les deux rejettent l’idée d’un avortement – ou l’épouser et retourner à une vie de respectabilité en reprenant le travail qu’il déplorait tant à New Albion avec son salaire hebdomadaire de 4 £.

Il choisit Rosemary et la respectabilité et se sent soulagé d’avoir abandonné ses principes anti-argent avec une facilité relative. Après deux ans de grands échec et pauvreté, il jette son œuvre poétique London Pleasures dans une canalisation, épouse Rosemary, reprend sa carrière de publicitaire, et plonge dans une campagne de promotion d’un nouveau produit pour empêcher les pieds de sentir. Dans ses promenades seules dans les rues mal fréquentées, les aspidistras semblent apparaître à chaque fenêtre de basse classe moyenne. Tandis que le livre se referme, Gordon gagne une dispute avec Rosemary pour installer une aspidistra dans leur petit mais confortable appartement près de Edgware Road.


Importance littéraire et critique

Cyril Connolly a écrit deux critiques au moment de la publication du roman. Dans le Daily Telegraph, il le décrit comme un “livre sauvage et amer” et a dit “Les vérités que l’auteur propose sont tellement déplaisantes qu’on finit par craindre leur mention”. Dans le New Statesman, il a écrit “un récit atroce et difficile de la pauvreté” et s’est référé au “langage clair et violent, qui donne l’impression au lecteur qu’il est chez le dentiste avec la fraise qui vrombit”.

Pour un numéro de Omnibus (The Road to the Left, diffusé le 10 janvier 1971), Melvyn Bragg a interviewé Norman Mailer. Bragg a dit qu’il “a juste assumé que Mailer avait lu Orwell. En fait, il en est fou”. De Et vive l’Aspidistra !, Mailer a dit : “Il est parfait de la première à la dernière page”.

Dans une lettre à George Woodcock le 28 septembre 1946 se référant à Et vive l’Aspidistra !, Orwell a noté que c’était l’un des deux ou trois livres dont il avait honte. Il a répété son commentaire sur une Fille de pasteur qu’il “était écrit simplement comme exercice et je n’aurais jamais dû l’avoir publié, mais j’avais désespérément besoin d’argent [–] À cette époque, je n’avais simplement pas de livre en moi, mais j’étais à moitié affamé et je devais rendre quelque chose pour ramener 100 £”. Le biographe d’Orwell, Jeffrey Meyers, a trouvé que le roman avait des faiblesses dans l’intrigue, le style et la caractérisation mais louait “une qualité poignante et émouvante [–] qui sort du “portait perspicace d’Orwell de la mise à l’écart et de la solitude de la pauvreté, et de la tendre réponse de Rosemary à la détresse méchante de Gordon”. Malgré les jugements négatifs, le roman a gagné ses admirateurs, notamment Lionel Trilling, qui l’a nommé “un résume de toutes les critiques de la civilisation commerciale qui n’ont jamais été faites”.

Tosco Fyvel, directeur littéraire de Tribune entre 1945-49, et ami et collègue de Orwell durant la dernière décennie de la vie de l’auteur, a trouvé intéressant que “via Gordon Comstock, Orwell exprimait une violente aversion de la vie bondée de Londres [et Orwell s’est installé dans le petit village isolé de Wallington dans le rural Hertfordshire en 1936] et la publicité de masse – avant-goût de 1984.

Catherine Blount a également fait remarquer le thème d’un couple londonien qui a besoin d’aller à la campagne afin de trouver un endroit privé pour faire l’amour, ce qui a une place important dans l’intrigue de Aspiditra et qui est utilisé de manière proéminente dans 1984. Le biographe de Orwell, D. J. Taylor, a dit de Comstock, “Comme Dorothy dans une Fille de Pasteur et comme Winston Smith dans 1984, il se rebelle contre le système et fini par être complètement avalé par lui… Comme Winston Smith, il se rebelle, la rébellion échoue, et il doit arriver à un arrangement avec un monde qu’il dénigrait auparavant”.


Adaptation cinématographique

Une adaptation cinématographique de Et vive l’Aspidistra ! est sortie en 1997, réalisée par Robert Bierman, avec Richard E. Grant et Helena Bonham-Carter. Le film est sorti en Amérique du Nord et en Nouvelle Zélande sous le nom alternatif de A Merry War.

Source : Wikipedia, traduit de l’anglais
Dernière modification : 2 avril 2020

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