Rock Power | juillet 1991

Le glam n’est pas mort !

Revivalistes punks inutiles ou le future à slogans du glam ? Mark Day règle le rock au maximum avec les blaireaux recouverts d’eyeliner, les Manic Street Preachers.

Normalement, les Manic Street Preachers devraient être assis dans un squat quelque part de merdique, à marmonner des platitudes à propos d’obsédés de la drogue morts comme Johnny Thunders et Stiv Bators, ou peut-être à baver autour de pintes de snakebites dans l’un des pubs les plus miteux de Londres en jurant les yeux fermés que les Dogs D’Amour étaient meilleurs avant qu’ils signent un contrat. Tout en faisant leurs propres démos de mauvais rock à deux accords traînant au fort accent américain. Pourquoi pas ? Des milliers d’autres losers glam le font.

Au lieu de cela, ces quatre corps maigres gallois nerveux se sont retoruvés on ne sait comment à la une des hebdomadaires musicaux dominés par l’indé en arnaquant les journalistes musicaux qui, selon le groupe, “Pensent que tu es rock si tu arrives à boire cinq pintes de bière, parce qu’ils ne sont pas habitués. On a juste usé d’un peu d’intelligence parce qu’on sait combien il es facile d’impressionner ces journalistes”. Le guitariste Richie a récemment poussé cela aux extrêmes en se charcutant la légende “4 Real” sur le bras avec une lame de rasoir au cours d’une interview avec le NME.

Ils ont coupé leurs cheveux à ras et adopté un manifeste Generation Terrorists de films cultes américains, slogans samplés et iconographie couper-coller qui est beau même s’il ne dit rien. La musique chancèle sur la limite floue entre le rock qui frappe violemment sur les guitares de Hanoi et le tourbillon punk de 1977 du premier album des Clash et des Damned à leurs débuts. Ce sont la mort du glam et sa renaissance incrustée de Tippex et colle et vous les détestez probablement.

“Hanoi Rocks et les Guns N’Roses sont les plus grands groupes là d’où on vient”, explique Nicki, “mais on revenait toujours aux Who, aux Stones, aux Clash et aux Pistols pour avoir plus de signification des paroles. Je ne sais pas si on est perçus comme groupe glam encore. Je l’espère”.

Ce n’est pas le cas, mais ce le sera bientôt. Les Manics (Nicki à la basse, Richie à la guitare, Shaun à la batterie et James à la guitare) veulent enregistrer un double album de la mort puis se séparer. Ils sont déjà en discussion avec le producteur des GNR Mick Clink et le producteur de l’album Love de The Cult, Steve Brown. Leur dernier single, You Love Us et son ironie narquoise, a un son métallique qui craque mais Nick jure que dès qu’ils rentreront dans un studio décent, ils sonneront comme un groupe rock décent.

En ce qui concerne la scène britannique, Nicki rit, “Je pense que le rock s’est foutu en l’air avec des groupes comme les Dogs D’Amour et les Quireboys qui n’ont jamais vraiment compris le rock de la même manière que Hanoi. Ils n’ont pas fait cet effort en plus…”.

À la différence des Mabics, ils n’écoutent pas Public Enemy. Tyla et Spike vous diront probablement que le rap, c’est de la “merde”. Les Manics savent mieux. Les Manics veulent rendre la politique sexy. Ils ont déjà fait la première partie des Throbs à Londres et découvert le premier obsctacle majeur entre eux et l’infamie rock. Ils ont juste redéfini le glam mais le public lambda ne reconnaît les trucs que quand l’emballage est évident. L’adulation leur est refusé comme prévu.

“Ouais, je pense que les gens étaient tout simplement choqués de voir un groupe britannique jouer ce genre de trucs. Quelques gamins sont venus nous voir après pour nous dire qu’on leur rappelait Hanoi parce qu’on jouait si mal ! On a pris ça comme un compliment !”.

Mais s’ils sont vraiment sérieux à propos de faire un album de platine, ne devraient-ils pas essayer d’être un peu plus sympa ?

“La phase initiale sera bien finie quand on deviendra le groupe le plus détesté de Grande-Bretagne. Tout le monde a un peu peur de nous mais ils changeront d’avis bientôt. Sinon on se séparera. Au moins on a essayé et on a fait un peu d’impact… l’une des premières choses qu’on a décidé de faire, c’était énerver les gens”.

Alors qui va se séparer en premier, les Manics ou Jane’s Addiction ?

“Au bout du compte, je ne pense pas que quelqu’un remarquerait s’ils se sépareraient. Il est trop obsédé par l’art et le bain de soleil. C’est juste lui, ils n’ont jamais parus comme un groupe, vraiment. Tous les grands groupes semblaient être une unité avec des personnalités individuelles que l’on peut identifier. C’est ce qu’on a toujours choisi. On veut toujours ressembler à un groupe et vivre ensemble, s’envoyer chier les uns les autres”.

Si les Manic Street Preachers arrêtent un jour d’énerver les gens – et le public rock est notoirement impitoyable – ce sera un petit miracle. Mais il en vaudra la peiine. Groupe de l’année pour toutes mauvaises raisons !

Traduction : 21 décembre 2023
MSPPedia

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